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David Asko : « On doit encore se battre pour que notre culture puisse survivre »

 

Après 25 ans de carrière, David Asko revient avec un nouvel EP plus sombre que jamais, « Conflict ». Un opus composé en plein confinement, pour exprimer sa colère de devoir renoncer à la scène pendant des mois entiers. Le DJ et producteur revient aujourd’hui sur une carrière éclectique, et sur ses engagements pour faire vivre la musique électronique en France.

1er février 2022

 

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© Matthias Bosch & Jeremy Flament

 

Par Trax Magazine

En partenariat avec la Electronic Music Factory

 

Avec « Conflict », qui vient de sortir sur le label Obscuur, vous revenez avec des morceaux de techno très dure. Est-ce cela exprime votre état d’esprit du moment ? 

J’ai commencé à travailler sur cet EP à l’été 2020, à un moment où j’étais justement en plein conflit avec moi-même. La fermeture des clubs, l’interdiction de me produire sur scène, l’impression d’être complètement inexistant m’ont fait sombrer dans une forme de dépression. J’ai mis du temps à pouvoir transformer cette mélancolie en moteur pour composer de la musique. Finalement, ça a été une forme d’exutoire. C’est l’un des EP les plus durs que j’ai jamais produits. 

 

Pendant cette crise sanitaire, vous vous êtes aussi engagé pour que le monde des musiques électroniques soit aidé, et mieux entendu par l’État. En quoi était-ce important pour vous ?

A l’été 2020, j’ai lancé une pétition pour sauver la fête et appeler le gouvernement à dissocier dans ses systèmes d’aides les clubs qui proposent une véritable offre culturelle, des discothèques plus commerciales. C’est aussi dans cette optique qu’en novembre 2020, j’ai pris mon téléphone et appelé tous les clubs français dans lesquels j’ai l’habitude de me produire. On a rejoint l’association Culture Bars Bars pour créer un label « Club Culture ». Aujourd’hui, nous sommes encore en contact avec le Ministère de la Culture, avec le même objectif : être reconnus comme des lieux de culture à part entière, et bénéficier de cette reconnaissance essentielle pour un secteur qui représente des milliers d’emplois, des milliers de cachets pour les intermittents et des milliers de contrats pour les indépendants. On attend toujours des signaux forts de la part du ministère. 

 

Les boîtes de nuit doivent rouvrir le 16 février dans toute la France. Parvenez-vous à voir le bout du tunnel ? 

On entrevoit la reprise pour le printemps, mais ce dont ont besoin les artistes, c’est surtout de pouvoir se projeter sur le long terme. C’est tellement fatigant d’être à la merci des annonces gouvernementales. Ce virus ne va pas disparaître, il nous faut vraiment apprendre à vivre avec, et à faire vivre les musiques actuelles avec. Pour cela, il faut qu’elles soient reconnues comme un élément de notre culture, comme c’est le cas en Allemagne et en Angleterre.


 

Tu as commencé ta carrière dans le milieu des raves, dans les années 1990. Est-ce que c’est de là que vient ton engagement ? 

J’ai commencé mon activité de DJ dans les années 1990, dans le monde des raves, à un moment où l’enjeu le plus important, c’était de parvenir à organiser des soirées sans subir de répression policière. Depuis mes débuts, je milite pour que la musique électronique puisse exister. Aujourd’hui elle a pris de l’ampleur, j’ai eu l’occasion de jouer dans le monde entier. Mais on doit encore se battre pour que notre culture puisse survivre.

 

C. Laborie