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Une association veut faire entrer la techno berlinoise au patrimoine culturel de l’UNESCO

 

Le carnaval de Binche en Belgique, le théâtre de marionnettes Opera dei Pupi en Italie, la tapisserie d’Aubusson en France figurent déjà sur la liste des traditions immatérielles à sauvegarder. Pourquoi pas la techno berlinoise ? C’est le nouveau combat de l’association allemande Rave The Planet, déjà à l’occasion de la réédition de la mythique Love Parade en 2022.

8 novembre 2021

 

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La devanture du mythique club berlinois Bergain © Asab80

 

 

Par Trax Magazine

En partenariat avec la Electronic Music Factory

 

À la fin des années 1980, c’est dans un monde en pleine recomposition qu’émerge le plus ancien des mouvements techno européen, en Allemagne. Importée de Detroit, cette musique répétitive se fait entendre dans les vestiges hagards de Berlin-Est. Le mur est tombé, une nouvelle culture s’élève dans les bâtiments désaffectés de l’ex-URSS, et fait naître des clubs qui deviendront mythiques : le Tresor, E-Werk, Der Bunker… La techno berlinoise n’a fait que grandir depuis, et les dancefloors de la ville attirent désormais près de 3 millions de visiteurs par an. Pour l’association allemande Rave The Planet, également à l’origine du prochain rassemblement « Love Parade » qui se tiendra en 2022 dans la capitale allemande, la cet écosystème culturel a toute sa place dans la liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO. Comme l’explique l’organisation dans un communiqué, « la culture de la musique électronique fascine et inspire les gens du monde entier. Danser ensemble unit les nationalités, les générations, les religions, les sexes, les classes sociales et les milieux culturels ».

 

Un objectif : la préservation de cette culture

 

Une telle reconnaissance aurait évidemment une vertu symbolique. Elle permettrait de sensibiliser le public à la complexité et à l’histoire de la techno, et donnerait un coup de projecteur sur la culture électronique et les clubs du monde entier. La liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO a pour objectif premier la préservation. Cette classification ne garantit pas la protection, mais elle permet de donner de la visibilité à une culture locale, afin d’inciter à la soutenir pour assurer sa survie. L’inscription ouvre donc la voie à des subventions publiques et à un soutien sans but lucratif. En Allemagne, le statut de « patrimoine culturel immatériel » peut apporter des avantages fiscaux, avec un taux général de taxe sur la valeur ajouté de 7 % au lieu de 19 %.

En France, ce travail de reconnaissance des musiques électroniques comme faisant partie des cultures à protéger et à valoriser a déjà commencé. Rappelons que la 2015-1786 du 29 décembre 2015 étend le bénéfice du taux de TVA réduit de 5,5% aux spectacles donnés dans des établissements servant des consommations, y compris les spectacles de DJ-remixeur, et qu’en conséquence, les clubs électro bénéficient en qualité de producteurs de spectacles détenteurs de la billetterie de cette imposition réduite au titre de la valeur ajoutée sur la vente des billets.

En mai dernier, le parlement allemand reconnaissait déjà les clubs comme des « lieux de culture ». Après un an et demi de pandémie particulièrement dévastatrice pour les établissements nocturnes berlinois, déjà fragilisés depuis des années par l’augmentation excessive des prix des loyers dans la capitale, cette reconnaissance semble plus que jamais nécessaire.

 

C. Laborie